La tyrannie de la violence
J’en ai marre et sincèrement je ne pense pas être le seul : le meurtre de cette jeune femme de 31 ans dans un lycée de Nogent (Mélanie) ne passe pas, et s’inscrit dans une longue liste de multiplications d’assassinats commis par des mineurs faisant partie des 100 000 agressions et menaces recensées contre les professeurs. L’assassinat de Samuel Paty n’a donc pas suffi pour démontrer que l’école n’est plus un sanctuaire et montre l’amplification de la violence dans notre société. Issu d’une famille d’enseignants (grand-père, père, sœurs et beaux-frères), je ne pouvais rester les bras ballants sans réagir.
Trois homicides sont commis par jour avec un doublement du nombre de mineurs mis en cause depuis 2017 ; le narcotrafic explose avec un chiffre d’affaires d’environ 5 milliards d’euros nous rapprochant peu à peu de pays comme le Mexique ; certains gangs se permettent d’attaquer nos prisons, sans parler des émeutes meurtrières et dévastatrices. Nous sommes passés par le mouvement des ‘’gilets jaunes’’, les pillages de juin 2023, le saccage de Paris après un match de football bien connu. Plus grave, la violence devient une fin en soi et change de nature ; la force prime sur la loi, mais les citoyens paisibles sont accablés par les normes, règlements et autres taxes. On peut toujours arguer que la violence est accélérée par la hausse de la pauvreté, le blocage de la croissance et la crise de la dette, sans parler de l’influence pernicieuse des réseaux dits ‘’sociaux‘’ ; mais la cause profonde est sans doute à chercher dans l’ÉDUCATION (pas la publique non), la vraie, celle que beaucoup d’entre nous ont connue à la maison, pas à l’école (à l’époque on y parlait d’instruction publique). Aujourd’hui la plupart des enfants ne savent plus ce qui est bien, ce qui est mal, donc ne savent pas où aller, ni qui ils sont.
Faut–il rappeler qu’un pays comme la France a joué un rôle central dans la construction des institutions et règles qui permirent d’endiguer la violence, afin d’éviter la guerre de tous contre tous. La juridiction des gens de guerre apparaît au XIVe siècle, les auxiliaires de justice armés au XVIe siècle ; la maréchaussée est créée en 1720. Au XVIIIe l’État devient garant de la paix civile et responsable de la souveraineté nationale. Ce travail a continué jusqu’en 1945 avant d’être mis à bas de façon systématique. La réponse n’est pas forcément que répressive mais bien ÉDUCATIVE ; elle implique un changement d’état d’esprit qui réhabilite le bien commun face au règne de l’individualisme nihiliste renforcé par les réseaux. Il nous faut réagir face à ça où la loi du plus violent a remplacé l’État de droit, où la lâcheté a éradiqué le courage, où l’impuissance a remplacé l’indépendance. C’est là où nous, en tant qu’anciens, avec ou sans petits enfants, avons un rôle à jouer ; qu’il nous faut rappeler les règles de vie en société et le respect de certaines règles de base comme le respect, d’abord de la VIE, ensuite du respect de l’autorité des professeurs, des gendarmes, sans parler des gens qui nous soignent ou bien nous sauvent.
Il faut rappeler sans cesse la phrase de CAMUS : ‘’un homme cela s’empêche ‘’; soyons honnêtes, jeunes enfants nous avons parfois senti monter une vague de colère en nous, mais encore et toujours nos parents à tour de rôle nous ‘’empêchaient ‘’, ce qui nous a appris le respect et l’application de règles de vie.
Je conclus par un texte de Platon extrait de la République qui dit beaucoup de notre époque :
‘’Lorsque les pères s’habituent à laisser faire leurs enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie‘’.
Guy Delsaut, président de l’Union bp